Dans ce concert, le Duo Perpetuum mobile se propose d'être votre guide pour effectuer un long voyage en mer, au gré des vents. Poésie, littérature et bien sûr musique au programme ! Tout au long de ce périple, nous retrouverons le compositeur français Claude Debussy en filigrane. D’une part, le titre de ce récital, “Dialogue du vent et de la mer”, emprunte son nom au troisième et dernier mouvement de La Mer, l'une de ses œuvres symphoniques les plus célèbres. Debussy en a lui-même écrit l'arrangement pour piano à 4 mains (nous jouerons Dialogue du vent et de la mer en fin de programme, au terme de notre voyage). D’autre part, nous recroiserons notre compagnon de route Debussy à deux autres reprises au cours de notre excursion. C’est notamment lui qui sera notre capitaine de navire pour initier ce voyage pianistique avec sa pièce En bateau, juste après avoir contemplé un somptueux Lever du jour. Par ailleurs, ce récital aura comme particularité de mêler étroitement la musique, la poésie et la littérature au sens large (avec la nouvelle fantastique Descente dans le maelström d’Edgar Allan Poe qui a inspiré ma composition), un programme tout à fait dans l’esprit du Festival Musique et poésie de Palau-del-Vidre.
Contrairement à la mer, élément liquide et palpable, le vent est insaisissable et invisible. Mais nous pouvons percevoir les effets du vent grâce à ses manifestations sur notre environnement car il agit sur les matériaux qui croisent sa route. Quel que soit l’endroit où l’on se situe sur la planète, la mer et le vent demeurent en permanence deux éléments indissociablement liés : naissance des vagues, météo changeante, état de la mer variable, houle plus ou moins formée (du calme plat de la mer d'huile aux tempêtes les plus effrayantes) mais aussi formation et déplacement des dunes, érosion des falaises, dispersion des particules... Le destin de la mer est toujours lié au vent. Les marins scrutent constamment la météo, surveillent en permanence la force du vent car ils viennent impacter irrémédiablement les conditions de navigation… cela peut être une question de vie ou de mort… Car oui, la mer peut faire peur, mais elle a aussi toujours fasciné les hommes. L’envie d’aller voir toujours au-delà des limites et d’explorer toujours plus loin vers des terres inconnues a poussé les hommes vers l’aventure et à braver les dangers. Si le vent peut représenter un ennemi mortel pour le marin, il en est aussi un précieux allier. Depuis l’Antiquité, l’association de la mer et du vent a donné la possibilité aux hommes de naviguer sur les mers et les océans (avec des rames et/ou des voiles) bien avant les bateaux à moteur. Cela leur a permis de découvrir de nouveaux horizons, de faire du commerce (les Romains qui s’installent à Massilia (Marseille), ou plus près de nous à Collioure… les pirates voleurs des mers en sont le revers de la médaille…), de conquérir des territoires (les Vikings, Christophe Colomb…), de ramener de nouveaux produits et d'exploiter de nouvelles ressources (la soie, les épices, le café, les pierres précieuses, …). La mer est une source d’inspiration universelle et infinie pour tous les artistes dans toute la diversité de ce qu’elle peut évoquer (le voyage, l’évasion, le lointain, la beauté des falaises, des côtes, des plages, les jeux de lumière, le mouvement des vagues, les îles sauvages, le paradis des eaux chaudes et turquoises, l’inquiétude des eaux froides et noires, le mystère des épaves englouties, l’exploration magique des fonds marins etc.)
DISTRIBUTION : Emilie Carcy et Matthieu Millischer, pianistes
PROGRAMME « Dialogue du vent et de la mer » Poèmes lus et musique jouée au piano à 4 mains En préambule au concert : Charles BAUDELAIRE : L’Homme et la mer (poème extrait des Fleurs du Mal) Edvard GRIEG : Le lever du jour (extrait de la Suite n°1 de Peer Gynt op. 46) Paul VERLAINE : En bateau Claude DEBUSSY : En bateau (pièce n°1 de la Petite suite L 71a) Félix MENDELSSOHN : Les Hébrides ou La Grotte de Fingal (op. 26) Lecomte de Lisle: Poésie en exergue de la partition des Eolides de César Franck (un extrait) César FRANCK : Les Eolides (FWV 43) Claude DEBUSSY : Pour invoquer Pan, dieu du vent d'été (pièce n°1 des Six Epigraphes antiques L 139a) Matthieu MILLISCHER : Où gronde le maelström… Composition originale pour piano à 4 mains d’après une nouvelle d’Edgar Allan Poe Claude DEBUSSY : Dialogue du vent et de la mer (3e mouvement de La Mer) + BIS Reynaldo HAHN : Berceuse pour les enfants de marins (n°3 des Sept berceuses pour piano à 4 mains)
Présentation en résumé « Dialogue du vent et de la mer » Poèmes lus et musique jouée au piano à 4 mains
En préambule au concert : Charles BAUDELAIRE : L’Homme et la mer (poème extrait des Fleurs du Mal)
Edvard GRIEG : Le lever du jour (extrait de la Suite n°1 de Peer Gynt op. 46) Musique de scène, transcription pour piano à 4 mains par Edvard Grieg (3 min 30 environ) Présentation en résumé : Musique de scène descriptive (fermer les yeux, s'imaginer au bord de la mer, le soleil qui monte à l’horizon et qui semble sortir littéralement de l’eau grâce à l’orientation de la côte catalane (face à l’est), un spectacle magnifique offert par la nature).
Paul VERLAINE : En bateau Debussy a été inspiré à plusieurs reprises dans son œuvre par Verlaine et ses Fêtes galantes. Claude DEBUSSY : En bateau (pièce n°1 de la Petite suite L 71a) Composition originale pour piano à 4 mains (3 min 30 environ) Présentation en résumé : Une nouvelle musique descriptive avec cette mélodie qui flotte sur des arpèges aquatiques (jouer le début => mettre en évidence le procédé musical employé pour évoquer le mouvement de la vague).
Félix MENDELSSOHN : Les Hébrides ou La Grotte de Fingal (op. 26) Ouverture pour orchestre, transcription pour piano à 4 mains par Félix Mendelssohn (10 min environ) Présentation en résumé : Cette grotte célèbre est située sur la petite île inhabitée de Staffa, l’une des îles des Hébrides intérieures au large de l’Écosse. Félix Mendelssohn, lors de son voyage dans les îles britanniques, est venu effectuer une visite touristique sur ce site le 7 août 1829. Le relief si particulier, la mer qui s'engouffre à chaque marée, le mouvement des vagues, la réverbération que l'on peut imaginer dans la grotte, tous ces éléments cumulés ont fait forte impression sur le compositeur. De retour sur le continent, il écrira deux œuvres majeures inspirées par ses souvenirs de ce voyage en Écosse : cette ouverture Les Hébrides sous titrée La Grotte de Fingal et la fameuse Symphonie écossaise en la mineur (op. 56).
Lecomte de Lisle Poésie en exergue de la partition des Eolides de César Franck (un extrait)
César FRANCK : Les Eolides (FWV 43) Poème symphonique, transcription pour piano à 4 mains par César Franck (11 min environ) Présentation en résumé : Inspiré par un poème parnassien de Lecomte de Lisle en 20 quatrains, cette pièce a été esquissée lors d’un séjour chez des amis dans le Midi (pays du vent). "[...] Brises flottantes, haleines du Printemps, fraîches messagères qui répandent sur leur passage le repos de l’amour, la grâce et l’harmonie, les Eolides sont des créatures de rêve que des motifs mélodiques doucement animés, portés par une orchestration transparente, évoquent dans un Allegro vivo qui ne s’astreint à suivre pas à pas le poème, mais en recrée merveilleusement le climat lumineux et lyrique [...]" Jean Roy (cf. texte de présentation du CD Erato consacré aux poèmes symphoniques de César Franck par l’orchestre symphonique de Bâle sous la direction d'Armin Jourdan).
Claude DEBUSSY : Pour invoquer Pan, dieu du vent d'été (pièce n°1 des Six Epigraphes antiques L 139a) Composition originale pour piano à 4 mains (2 min 30 environ) Présentation en résumé : Une pièce très courte au ton archaïsant : mélodie initiale qui évoque le dieu Pan jouant de sa flûte (la fameuse syrinx, qui donnera son nom à une des pièces célèbres de Debussy pour flûte traversière solo), utilisation de la modalité qui donne cette couleur si particulière à la pièce (mode pentatonique au début de la pièce puis la couleur se transforme en mode de ré sur sol par la suite).
Matthieu MILLISCHER : Où gronde le maelström… Composition originale pour piano à 4 mains d’après une nouvelle d’Edgar Allan Poe (10 min environ) Présentation en résumé : Le terme maelström est un mot norvégien qui signifie tourbillon. Cette pièce est inspirée par une nouvelle de Edgar Allan Poe intitulée Descente dans le maelström (Histoires extraordinaires, 1856). Il est question d’un phénomène mystérieux qui se produit en pleine mer, un tourbillon gigantesque qui se forme et engloutit des bateaux de pêcheurs, met en difficulté des baleines… Un marin raconte son expérience, un jour où il ne s’est pas montré assez prudent et s’est trop approché de ce fameux maelström… La musique commence par une introduction qui fait entendre un grondement dans le grave, dans une ambiance PPP. Puis la musique s’anime petit à petit et un motif se dessine progressivement jusqu’à devenir un motif de tourbillon. La pièce fait alterner des passages calmes, mystérieux et des passages tumultueux et agités.
Claude DEBUSSY : Dialogue du vent et de la mer (3e mouvement de La Mer) (8 min environ) Présentation en résumé : L’attrait de Debussy pour la mer remonte à son enfance. Il travaille à l’œuvre d’après «d’innombrables souvenirs », emmagasinés dans sa mémoire à partir de ses expériences d’enfance à Cannes, de ses voyages à Arcachon avec Mme von Meck et sa famille, de ses excursions au bord de la mer Tyrrhénienne quand il était étudiant à Rome et d’occasionnelles vacances avec des amis dans des résidences d’été de la côte bretonne. “Vous ne savez peut-être pas que j’étais promis à la belle carrière de marin, et que seuls les hasards de l’existence m’ont fait bifurquer. Néanmoins j’ai conservé une passion sincère pour Elle. Vous me direz à cela que l’Océan ne baigne pas précisément les coteaux bourguignons… ! […] Mais j’ai d’innombrables souvenirs ; cela vaut mieux en mon sens, qu’une réalité dont le charme pèse généralement trop lourd sur votre pensée.” Commentaire de Claude Debussy à André Messager, septembre 1903 (Claude Debussy, F. Lesure, éditions Fayard, 2003, p. 245).
+ BIS Reynaldo HAHN : Berceuse pour les enfants de marins (n°3 des Sept berceuses pour piano à 4 mains)